N°20/SEMAINE 48 |
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LA MACHINE DERRIÈRE L'HOMME,
ET L'HOMME SOUS LA
VOITURE! |
José Froilan Gunhaller. |
Un autre
drame dans le monde de la Formule Dé Un, au Grand Prix de Barcelone,
José Froilan Gunhaller est décédé sous le poid de sa voiture, suite à
un spectaculaire accident survenu dans le premier tour d'une course de
Formule Dé 2.
Il est
difficile d'expliquer la nature de cet accident, la voiture passant
tout droit à un mur de pailles, devenue incontrôlable, pivotant sur
elle-même. Un commissaire de course nous explique: «J'étais bien
tranquille sur ma chaîse, un peu plus loin du virage, derrières les
bottes de foin; demandez-moi pas pourquoi je me trouvais là, c'était
ma position afin d'empêcher les spectateurs de s'approcher trop près
de la piste. Bref, je fumais ma pipe, du bon tabac monsieur, je vous
dis. Je le fais venir directement de Paris, c'est le meilleur. Quand
soudain, je vois cette voiture passer tout droit dans le virage,
fonçant à travers les bottes de foin. L'impact est tel que la voiture
zigzaguait et se mis à faire des tonneaux; de beaux tonneaux monsieur.
Ça me rappellait ces tonneaux de cognac que mon cousin entreposait,
durant la guerre, dans son grenier. Mais fallait pas l'dire aux
boches, histoire de se le garder bien au frais, pour la fin de la
guerre... Quoi? Et le pilote? Ah! Oui! Bin après avoir fait plusieurs
tonneaux, la voiture s'est immobilisée, à l'envers, emprisonnant le
pilote dessous. Ah! Que c'était beau à voir monsieur. Ça me rappelait
dans mon champ, durant la guerre, dans un bombardement qui renversa
mon tracteur. Il s'est retourné, tombant sur ma truie... pas ma femme,
hein! Mon cochon que je parle...»
Corpulent, José Froilan
Gunhaller n'en était pas moins un redoutable compétiteur. Il était un
combattant de tous les instants, ce qui lui valut le surnom «
Taureau de la Pampa. » Après avoir débuté dans le championnat du monde
de Formule Dé Un en 1950 sur une Maserati pour l'écurie Nelson, avec
qui il fera deux saisons, il est recruté en 1954 par l'écurie
Tremblay, avec qui il remporte sa première victoire. Jusqu'à cette
année, il ne s'était classé que septième ou huitième seulement, ne
connaissant pas beaucoup de succès sur la piste. Son côté combattant
semblait avoir disparu, de là à participer à moins de course. Mais il
demeurait, tout de même, un pilote aimé par le grand patron de
l'écurie Tremblay; Herman Tremblay voyait un peu de lui-même dans ce
pilote argentin.
Le championnat des pilotes
terminé, alors qu'il se préparait pour les courses de FD2 de fin de
saison, il avait déjà mentionné à des amis qu'il pensait, peut-être,
se retirer, soit à la fin de la présente saison, ou à la fin de 1960.
Finalement, le destin aura choisi pour lui, lui otant la vie dans la
dernière course FD2 de la saison.
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